L’écho de la résistance

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Notre Dame du Puech s’éveille avec un drôle de bruit, ce matin.

Petit village rural accroché à la Cévenne de l’Aigoual, Notre Dame vit tant bien que mal cette guerre bien plus dévastatrice dans les grands centres qu’ici, endroit retiré offrant peu d’intérêts aux troupes allemandes.

Aux troupes allemandes, certes, mais pas aux maquisards Aigoual/Cévennes qui savent pouvoir compter sur l’aide de la population pour se ravitailler en alimentation mais aussi en renseignements sur « la vie d’en bas ».

Et dans le village, la moitié des hommes, au moins, fait partie du  maquis.

Ce matin donc, Notre Dame du Puech s’éveille avec un drôle de bruit : un brouhaha venant du fond de la vallée.

Bébert puise de l’eau dans le puits qui trône au milieu de la place pendant que Titin est en  train de charger de la farine sur le bat d’un bourricot pour le monter vers les camarades de la résistance, la haut vers le col du minier.

C’est lui le responsable du maquis pour le village.

Il dresse l’oreille et son jugement est immédiat :

–        C’est un convoi allemand ! se met-il à crier aux hommes qui se sont tout de suite rassemblés.

–        Il y a trois camions et deux jeeps, confirme Petit-Jeannot qui distingue tout avec ses jumelles pointées vers la vallée

–        Vite, prenons nos armes et fuyons vers le col, propose Bébert

–        Attendez, réfléchit  Titin à voix haute, si nous fuyons ils risquent de suivre nos traces et nous les guiderons vers le camp du PC.

–        Tu  as mieux comme solution ? Tu préfères qu’on les affronte ?

–        Moi, j’ai une solution !

C’est Jojo l’artiste qui vient de parler… Un artiste certes courageux, mais peu familiarisé aux choses de la guerre ; sa remarque fait un peu sourire l’assemblée.

–        C’est quoi ta solution ? demande Titin, pour ne pas le vexer.

–        Nous n’avons qu’à nous entasser au fond du puits, ainsi ils poursuivront leur route sans que nous n’ayons laissé de traces ; Le rire des hommes le vexe un peu mais il n’en laisse rien apparaître

–        Tu penses bien que la première chose qu’ils vont faire c’est de sonder ce puits explique calmement Titin

–        Hé bien, j’imiterai l’écho pour qu’ils croient qu’il est vide, je vous rappelle que je suis imitateur à l’Alcazar…

Après tout, l’idée n’est pas mauvaise et peu éviter un affrontement lourd en conséquence

–        Vous êtes tous d’accord ? demande Titin à la cantonade

–        Ouiiiii !

S’en suit la descente des hommes, calmement et l’entassement au fond du puits d’où la vérité va sortir très bientôt… Car les allemands arrivent et, l’oberleutnant qui commande l’escouade inspecte le visage des femmes rassemblées sur la place:

–        Les z’hommés né zont pas là ? questionne-t-il sans réponse. Puis, il se dirige vers le puits et appuie son pied sur la margelle.

–        Ahc, ils zont pé être dans zé puits, nein ?

Alors quelque chose d’incroyable pour les femmes rassemblées se produit : un écho parfaitement imité monte du fond pour répéter les dernières syllabes de l’oberleutnant:

–        …pé être dans zé puits, nein ?

–        Ach, à moins gu’ils zoient bartis dans la montagneu, nein ?… pense-t-il tout haut et l’écho de répondre :

–        …zoient bartis dans la montagneu, nein ? Puis voulant être sûr à cent pour cent, il appelle un soldat

–        Dégoupilleu une grenadeu et envoie la au vond dé zé buits

Et à la stupéfaction générale on entend l’écho :

–        …zoient bartis dans la montagneu, nein ?…

Vous me croirez peut-être mais l’oberleutnant s’est dit qu’ils étaient partis dans la montagne et a ordonné à sa compagnie de poursuivre son chemin.

Ah ! Ces cévenols…

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