Zackmo – Ep.2

De mon amour des chevaux est né un club hippique, construit de mes mains sur le terrain du copain d’armée en question. Pour la première fois de ma vie, j’avais un but. Avec les maigres économies accumulées de mes soldes, j’ai pu m’acheter le minimum de matériel et un cheval. Le jour je construisais, mes nuits je les passais à étudier la comptabilité. Un haras, ça se gère. Ben oui, j’ai un CAP compta, madame. Je ne suis pas complètement neuneu malgré vos préjugés. Bref, au bout de deux ans, on peut dire que ça tournait plutôt rond notre affaire. J’ai même commencé à me constituer un petit pécule. A cette époque, j’avais cinq pouliches, trois poneys et une petite notoriété locale.

C’est à ce moment-là que j’ai rencontré Emilie. Elle était si belle. Je me souviens encore comme je pouvais la regarder des heures durant chevaucher ma plus belle pouliche. Elle s’était inscrite pour quelques séances hebdomadaires. Très vite, les choses ont évoluées entre nous. J’ai ainsi découvert l’amour pour la première fois. Banal me direz-vous ? Peut-être. L’idylle a duré trois ans. Le fameux cap comme ils disent. Elle est naturellement devenue la mère de mes enfants. J’en ai deux : des filles. La vie m’était paisible, à cette époque. On avait même acheté une maison à crédit et un chien. J’avais des amis, une vie sociale. Mon haras était le plus connu de la région et nous étions cinq pour le gérer. J’avais tracé mon sillon dans cet univers que je pressentais déjà hostile. Mais c’est parti en cacahuètes dans notre couple…

Encore une fois je ne jette pas la pierre, mais la vie ne m’a pas appris à faire confiance. Alors, l’idée de déléguer même une partie de la gestion de mon affaire, c’était « niet ». Plus fort que moi. Alors je ne compatis pas les heures, les jours… Pas de week-end, pas de vacances, boulot, dodo,… j’ai délaissé ma famille. Aujourd’hui, j’ai conscience d’avoir fait une belle connerie. Je crois que ce sont mes gosses qui me manquent le plus. Mais qu’aurais-je donc à leur offrir aujourd’hui ? Ils sont probablement plus heureux sans moi.

Mon erreur fatale fut de me marier avec Emilie pour le meilleur et pour le pire mais surtout sous le régime de la communauté. Elle a donc eu 50% du haras. Entre la pension alimentaire et sa part j’ai du vendre, me séparant des deux seules choses que j’avais à peu près réussi dans cette putain de vie : ma famille et mon club.

Tandis qu’Emilie partait avec les enfants, la bagnole et le chien, décision de justice sous le bras, je me retrouvais seul dans cette maison devenue trop grande et trop chère pour moi. La séparation m’a démoli, je me suis laissé aller, embarqué par des types que je pensais être des amis. Toutes mes économies y sont passées.

Pour finir, c’est l’arrivée dans la grande ville, promesse d’une vie meilleure. S’en suit la débrouille au jour le jour, de squats en bandes de copains plus ou moins zonards. J’aurais dû demander de l’aide, il aurait été encore temps, mais sans famille c’était difficile pour moi. Je voulais m’en sortir seul ! Un sentiment stupide entre la honte et la pudeur. La lente descente aux enfers s’est amorcée et voilà comment j’ai atterri ici, sur ce trottoir. La rue m’a attrapé.

Encore une fois, en vous racontant tout ça je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières, je vous ai juste planté le décor. Vous faire comprendre…

(A suivre…)

 

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4 thoughts on “Zackmo – Ep.2

  1. Un décor dont j’ai honte d’avoir volé le canapé; un comble ! je croyais qu’il était mis à disposition des aventuriers de Détroit hahaha Je n’arrive plus à la retirer de mon chap.2, et encore une fois, on appelle David à la rescousse….^^

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