[DANS LA NATURE, IL N’Y A PAS DE TRISTESSE]
Magie d’un cheminement littéraire.
Le 7 janvier 2020, je me procure le livre de Henri David Thoreau, « Walden ou la vie dans les bois ». Quelques heures plus tard, dans une autre librairie, je « tombe » sur un petit livre de 60 pages, de Virginia Woolf, « Le Paradis est une lecture continue », ensemble de quatre portraits dont un de… Thoreau. Je commence donc par cet éclairage.
V. Woolf écrit : « Walden, et en vérité tous ses livres, regorgent de découvertes subtiles, contradictoires et très fertiles. Ils ne sont pas écrits pour prouver quelque chose à la fin. Ils sont écrits à la façon dont les Indiens tordent des brindilles pour marquer leur sentier dans la forêt. Il ouvre son chemin dans la vie comme si personne n’avait jamais emprunté cette route auparavant, en laissant des signes pour ceux qui suivront, si tant est qu’ils veulent voir par où il est passé… En lisant Thoreau, nous ne pouvons jamais laisser notre attention s’assoupir avec la certitude que nous avons saisi ce qu’il voulait dire et que nous pouvons être sûrs que notre guide est cohérent… »
Elle cite Thoreau : « J’aimerais transmettre la richesse de ma vie aux hommes, j’aimerais vraiment leur donner ce qu’il y a de plus précieux dans mon don… Je n’ai d’autre bien personnel que ma capacité particulière à servir le public… Je souhaite communiquer ces parties de ma vie que je serais heureux de revivre. »
Et ajoute : » Personne ne peut le lire sans avoir conscience de ce vœu. Et pourtant, on est en droit de se demander s’il est seulement parvenu à transmettre sa richesse, à partager sa vie. Quand nous avons lu ses nobles et puissants ouvrages, dans lesquels chaque mot est sincère, chaque phrase est tournée comme l’écrivain sait si bien le faire, nous restons avec un étrange sentiment de distance : voilà un homme qui essaie de communiquer mais qui n’y parvient pas. Ses yeux fixent le sol ou peut-être l’horizon. Il ne nous parle jamais directement ; il se parle en partie à lui-même et en partie à quelque chose de mystique qui échappe à notre regard… »
Plus loin, elle évoque de Thoreau sa « confiance saine dans la sagesse de la nature ». Et conclut : « Dans la nature, comme il le dit, il n’y a pas de tristesse. »
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