Il y a peu, on apprenait avec une certaine tristesse adoucie de respect que le grand écrivain Philip Roth signait avec Némésis son dernier roman. Cette nouvelle fut rapidement occultée par la remise dans l’hexagone de prix littéraires dont le premier, celui de l’Académie Française (excusez du peu) et le dernier, le prix Goncourt des Lycéens revenaient à un jeune écrivain suisse de 27 ans. Entre ces deux prix, l’auteur était passé dans quelques émissions télévisées dont, celle de Ruquier où l’on découvrit son beau visage de VRP. Tous les clichés savamment enfilés dans son pavé de près de 700 pages allaient donc prédire sa fulgurante destinée d’écrivain bancable et super télégénique, infaillible en matière de marketing mais désolant d’un point de vue strictement littéraire.
Tout se passe dans cet ersatz de roman policier comme si le jeune prodige avait mis au point un super logiciel d’aide à l’écriture, empli des thèmes (à défaut du style) du véritable écrivain venu faire ses adieux à un monde auquel, peut-être il n’avait jamais cru. Mais, Jojo, lui, il y croit et visiblement il a eu raison puisque son bouquin n’a pas fini de cartonner et que, cerise sur son gâteau rance, il surfe, grâce à une couv’ d’enfer reproduisant le tableau le plus célèbre du peintre américain Hopper qu’on vient de célébrer dans une frénésie confinant à l’hystérie collective, sur une surmédiatisation qu’il appelle de ses vœux tout au long de son livre.
Si Jojo semble maîtriser à merveille le business de l’édition, loin s’en faut de son roman aussi lisse qu’une autoroute dont on ne voit pas la fin. Il est malin, Jojo mais pas assez cynique tout de même ; pas au point de se prendre lui-même pour l’écrivain qu’il n’est pas encore puisqu’il émaille sa trame de lapsus révélateurs concernant sa réelle ambition. Jusqu’au « suspens » final couronnant sa propre supercherie et qui déclenche chez le lecteur averti un fou rire de bon aloi. Pas si malin que ça, finalement, le Jojo ! Hahahha, tel est pris qui croyait prendre ! Lui qui jurait, main sur le cœur, à Busnel dans sa « grande librairie » que le nom du personnage de l’avocat plutôt mal brossé d’ailleurs portant le nom du véritable écrivain, à savoir ROTH, n’était que pure coïncidence, même pas un petit hommage de derrière les fagots, non, pure coïncidence, on vous dit !!!! Ben le Jojo, se prenait dans, non pas son propre piège, mais dans celui qu’il s’était un peu trop vite approprié….
Si l’on ajoute à cela l’insertion quasi systématique et complètement inutile de dialogues plus que limites entre la mère juive outrancière et son narrateur de rejeton confinant à la caricature la plus vile, on est en droit de se poser de légitimes questions sur l’écriture même de ce roman insipide, indigeste parmi les Digest .
Jojo a bien le droit de tenter, après tout ; avec un minimum d’humour cela aurait même pu fonctionner mais qu’il se fasse encenser par le milieu c’est presque incompréhensible. Prix de l’Académie française, on s’attend au moins à retenir UNE phrase correcte, ou belle, ou forte, ou drôle, … cherchez, il n’y a rien dans les quelques 700 pages hormis ce qui désormais fait feu de tout bois : l’efficacité ! Le PAGE TURNER, comme ils disent. Peu importe que vous ayez déjà lu mille fois les clichés éculés sur l’écrivain et son maître, l’écrivain et sa maladiedelapageblanche, l’écrivain et la solitude, l’écrivain et l’amour, l’écrivain et son lot de turpitudes sulfureuses, tant qu’à faire…Pire : peu importe que vous ayez VU ces scènes rebattues du shérif s’écriant « bon sang » à qui mieux mieux, en décapsulant une canette de bière dans un des innombrables téléfilms AMERICAINS ( un polar qui se respecte se passe au States, c’est bien connu…) , vous aurez droit à TOUT ; RIEN ne vous sera épargné. Ça commence avec « le formidable », surnom dont le narrateur s’affuble lui-même mais qui n’a évidemment rien à voir avec « le styliste » lu chez Roth dans « la tâche », puis c’est NOLA, (rien à voir avec Nabokov), ça continue ensuite avec un fuffpect fumant f’effrimant comme fa, fans le moindre reffpect pour le lecteur qui n’est qu’un conffomateur après tout, et ça finit avec une énorme blague sur l’auteur lui-même : la vérité sur Jojo himself!!!!
Je ne sais pas ce qu’il deviendra, j’espère pour lui qu’il se mette à écrire pour de bon mais si je peux me permettre un conseil pour les amateurs de vrais polar c’est de lire « SEUL, LE SILENCE » de Ellory, un vrai chef d’œuvre du genre, prenant à contre pied l’auteur helvète, n’hésitant même pas à proclamer que le mot n’est rien, que c’est le » lien aux autres « qui prime, les mots, s’il en tape à foison, au fond, ils s’en tape…. Et c’est somme toute logique pour un plagiaire, isn’t it JOJO ?
*fallait pas toucher à Philip ! 😉
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Merfi de la suffestion. Heureusement mon oeil mal averti quant au polar aurait su entrevoir la jacte à jojo ! Mais il est vrai, pas avec une si lucide précision…
Et il en rajoute le bougre:
http://www.myboox.fr/video/joel-dicker-philip-roth-symbole-d-une-amerique-en-transition-i-19905.html
Odieux!