AU CŒUR DE… LA CREATION

A force de croiser le chemin, devrais-je plutôt dire les chemins, de LAT, j’ai fini par me laisser tenter par l’expérience de ce nouveau partage. Et même si ce tableau de bord à partir duquel je dépose mes lignes aujourd’hui est encore et toujours écrit en anglais, voici ce que je vous propose.

J’ai visité un endroit où l’on ne sait ni lire ni écrire, m’y suis arrêté et depuis, à force d’avoir épelé les mots, j’ai compris leur sens profond (plus modestement, j’essaie de les comprendre), forgeant peu à peu une vérité qui est devenue ma propre vérité. Certains la partageront, d’autres en seront révoltés, d’autres peut-être se poseront des questions, entameront un dialogue public ou privé…

Je vous propose donc aujourd’hui, puisqu’il faut bien que tout ait un commencement autant qu’une fin et inversement, les premiers textes de cette série « AU CŒUR DE… »

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Je serai

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Je ne veux pas mourir !

La mort et moi

Ne sommes pas faits

Pour vivre ensemble…

Lorsque l’instant sera venu

Où mon corps

Fatigué d’être

S’allongera

Sur le feu purificateur,

Je disparaîtrai

Simplement,

Comme un souffle de vent,

Une goutte échappée

De la source de vie,

Un nuage

Jouant à courir dans le bleu de l’azur.

Une dernière fois,

Je caresserai

La joue de ma mère,

Le corps de ma femme,

Et leurs cœurs ;

Je m’amuserai

Dans les cheveux de mes enfants

Et petits-enfants,

Soulevant leurs bouclettes,

Provoquant des frissons

Sur leurs nuques offertes.

Et puis je m’en irai

Comme un songe

Qu’on oublie au réveil,

Heureux d’avoir été ce que je fus.

Je retournerai

Au jardin éternel,

Rejoindre mon Père.

Quelle sensation étrange,

De voir s’éloigner la Terre,

Ma Mère… !

Je la vois à présent

Si petite !

J’entends tout !

Je sens tout !

Je ne suis plus que conscience,

Impalpable,

Inexistant

Au regard du concret…

Je suis l’essence

De la vie…

Mon corps

Ne m’a laissé que le souvenir

D’une prison.

Il me torturait,

M’empêchait de voler,

Me retenait captif

En un monde de fous.

Je n’étais pas des leurs !

Seuls me manquent

Ces gestes d’Amour

Partagés avec les miens.

Ma femme,

Celle qui me comprenait

Et partageait mes pensées…

Qu’est-elle devenue ?

Me rejoindra-t-elle un jour ?

Ou moi ?

Le temps s’est arrêté…

Combien en est-il passé ?

Aucune idée.

Depuis mon départ,

J’ai l’impression de tout savoir,

De tout connaître.

Ma vie terrestre ne fut consacrée

Qu’à chercher La Lumière,

Et je la trouve

Dans la nuit

Profonde et froide

De l’Eternité.

Alors, c’était donc cela,

La Vérité…

Ma Vérité.

L’obscurité ne sert qu’à révéler l’éclat du jour

A s’y confondre.

Le noir et le blanc

Ensemble,

Unis,

Sont

La Vérité…

Une force irrésistible

M’attire vers le bas.

Je retourne vers ma Mère.

Des images défilent en moi,

Comme un avertissement,

Une mise-en-garde.

Des images fortes,

Des cris,

Des pleurs.

Je suis en larmes,

Je crois.

Ces images

Doivent disparaitre.

Jamais,

Je ne serai la cause

De ce que je viens de voir…

J’en fais la promesse…

Mais à qui ?…

Le calme revient,

M’apaise.

Puis un sentiment

De rédemption m’envahit,

M’encourage.

Je me sens investi d’une mission

Que je peux accepter

Ou refuser.

Une nouvelle existence m’est offerte.

Par qui ?

Quelle importance.

Je repars pour transmettre.

Quoi ?

Je sens

Qu’il m’appartient

De le découvrir

De choisir…

©Eric Jacobs – « Au Cœur de l’Homme »- 04/07/2013

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J’AI LE TEMPS

 

Qui suis-je ?

Je ne le sais pas encore.

La question la plus juste serait :

« Suis-je, ou ne suis-je pas ? »

Je suis vivant.

À peine.

Je me bats pour être ;

De cela, je suis certain.

Inconsciemment,

J’ai lancé mon ancre

Où j’ai pu.

Je commence la construction

De mon nid.

A quoi ressemblerai-je ?

Aucune idée.

L’important est

D’Être…

De sortir de ces ténèbres

Desquels j’émerge

Lentement.

Trois jours durant

J’ai erré dans un long couloir,

Bousculé,

Caressé

Par des tentacules géants

Me faisant barrage.

Ils m’exhortaient à leur façon

A ne pas me presser,

Me reniflaient,

M’inspectaient

Jusqu’à me reconnaitre…

Et puis je suis arrivé

Ici,

Dans cette salle

Vide de tout,

Cet univers inviolé encore.

Trois autres jours…

C’est le temps qu’il m’a fallu

Pour m’agripper à la paroi étrange

Qui me servira désormais

D’abri.

Le temps…

Une notion

Que je dois découvrir ;

Apprivoiser ;

Maîtriser.

Je dois,

Je le sais,

M’arrêter où je suis.

C’est la condition sine qua non

De mon existence

Future.

Le temps…

Se conjugue

Et s’accorde aux choses

Autant qu’aux vivants.

J’ai le temps…

Je suis une chrysalide,

Qui tisse peu à peu

Son enveloppe.

J’ai le temps…

©Eric Jacobs – « Au Cœur de l’Homme »- 07/05/2013

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Embryon

 

La Vie est en moi…

Je suis la vie

Venue du fond des temps,

Echappée du néant

Créateur.

Je suis la vie.

Un embryon

D’Homme

Perpétuant le mystère

De la Création

Originelle.

De l’eau,

De la terre,

Et un miracle.

Ou un programme.

Tout est écrit…

Peu importe l’endroit

Où les mots sont gravés :

L’argile,

La pierre,

L’Infini céleste.

Tout est écrit

Quelque part.

Des transformations s’opèrent :

Un cœur bat en moi.

Je suis.

Mon squelette se forme,

Puis tous mes organes.

Je vis.

 Fœtus issu de l’infiniment petit,

Je poursuis mon chemin

Silencieux.

Je suis un mâle,

J’entends,

Je vois,

Je bouge.

Mon cerveau se construit.

Je vis…

Le temps est venu

Où je dois quitter

Cette chair nourricière,

Sécurisante matrice.

Je la sens

Qui me pousse

Vers la vie…

Comme mes lointains ancêtres,

J’entame ma sortie

Du monde aquatique

Vers le monde terrestre.

J’ai mal.

Je peine.

J’ai mal.

Mes poumons se déchirent,

Se gorgent d’air.

Je crie.

Je nais.

Je suis.

© Eric Jacobs – « Au Cœur de l’Homme »- 09/05/2013

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Ma Terre

 

La main salvatrice

Qui m’extirpe

De ma douleur

Fœtale

Me dépose sur ma terre.

Ma terre.

Mater.

Le temps d’un cri,

D’un clignement d’œil,

Je la découvre enfin.

Son image,

Dès ce moment,

Est à jamais

Gravée dans ma mémoire.

Ma terre.

Ma mère.

Le rythme rapide de son cœur.

Elle a souffert.

Comme moi.

Contre son sein,

Je ne crie plus.

Tout est bien.

Je suis Elle,

Elle est Moi.

Unis pour toujours

A notre façon.

Ma terre.

Maman.

Sa peau est douce.

Je connais déjà son odeur.

On vient de couper

Le cordon

Qui nous reliait

Moi à Elle.

Ce lien charnel

Qui la parasitait

Et l’enchantait pourtant

Puisqu’il me donnait vie

Est rompu.

Un autre déjà,

Plus fort encore,

S’est forgé.

Je suis Son fruit,

Son enfant.

Elle est ma terre,

Mes racines,

Maman.

©Eric Jacobs – « Au Cœur de l’Homme »-09/05/2013-

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Silence

 

Je suis épuisé…

Une sensation

Etrange,

Me tire de mon sommeil.

Je crie.

C’est un appel à l’aide :

« Maman ! Ma terre !

Nourris-moi !

J’en ai besoin !… »

Je sens sa chaleur.

Elle me caresse.

L’eau ruisselle sur mon corps,

Tiède.

J’aime l’odeur

Du savon.

J’ai faim…

Je crie.

Pas longtemps…

Maman

M’enveloppe.

M’attire contre son sein.

Le parfum de son lait,

Le goût de son offrande…

Je suis son dieu,

Sa vie,

Son petit…

Autour de nous,

Tout n’est que silence.

Seule sa voix me berce.

M’apaise.

J’aime l’entendre chanter.

Je tête,

Me repose.

Mon oreille se plaque contre sa poitrine.

La mélopée résonne,

Harmonieuse,

Emplit mon cerveau

D’un duvet de tendresse.

La fatigue,

A nouveau,

M’emporte.

Je m’endors.

Silence.

©Eric Jacobs – « Au Cœur de l’Homme »-09/05/2013-

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Sur le parvis du Monde

 

Je m’éveille à la vie

Sur le parvis du Monde.

Un parvis bien petit

Pour un bien petit monde :

Celui d’un nourrisson

Profane

Aux choses d’ici-bas.

Tout ce que croise

Mon regard

S’incruste dans ma mémoire :

Les couleurs

Interpellent mes sens,

Les visages

Se penchent sur mon berceau,

Les voix

Me réconfortent,

Me caressent,

Je touche

Et apprends

Les textures,

Les matières,

Le goût de la nourriture ;

Les odeurs

Flattent mes narines ;

Je reconnais peu à peu

Les membres de ma famille,

J’acquiers

Avec eux

Les bases de la parole…

Je grandis.

Mes ainés

M’initient,

A l’art d’exister.

Je me suis redressé.

Je marche.

J’aurai bientôt

Trois ans,

Et j’apprendrai

Enfin

A être ce que je suis déjà.

©Eric Jacobs-« Au Cœur de l’Homme »-11/05/2013-

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