Chère toi,
Difficile pour moi de reprendre le fil de notre correspondance où je l’ai laissée, sauf peut-être à sortir de mes poches tous les grains de sable qui s’y sont glissé. Je reviens d’une semaine loin de tout, sans routes, passages piétons, téléphones, ni murs des maisons pour arrêter les regards. Du sable, des dunes, des rocailles à perte de vue, quelques arbres, nos tentes dressées en fin d’après-midi, les couchers de soleil, levers de lune, couchers de lune et levers de soleil, un cycle rond.
Des respirations, méditations, des chants, des rires et quelques mots aussi légers et volatiles que le sable dans le vent. Le sable dessinant des serpentins sur les dunes, la chaleur, les nuits froides, la chaleur. La nonchalance des dromadaires. Des plats fumants, goûteux, délicieux, sortis d’une tente de bédouin, magie des mille et une nuits.
Le regard loin, les émotions à fleur de peau, la vie à l’état brut, sans artifices, ni fioritures. Le corps s’habituant à l’effort endurant. Le calme, le temps au temps. Perte des repères spatio-temporels. Communion avec les astres et les éléments.
Retour délicat à civilisation. Hammam traditionnel, je me laisse laver, gommer, masser, parfumer à l’eau d’oranger et du désert aux nuages je débarque chez moi.
Retrouver mes repères, me recaler, trois jours en roue libre sans savoir trouver les manettes, la route semée d’obstacles. Le cœur dans la bouche, le tube digestif d’un dragon.
Ouf ça va mieux. Merci.
Je me sens comme une terre sortie de jachère, retournée, fertilisée, prête à recevoir les semis, gorgée de richesses, à l’affût du soleil et de l’eau pour donner des fruits excellents. Je suis le paysan qui a fait le travail le plus dur et a maintenant l’angoisse du vide. Inchallah, laisse les vents, la vie, l’univers faire pousser mes graines.
Un nuage de sable s’est formé dans le désert et s’est déversé l’autre nuit sur le bitume de nos villes. J’aime croire que ces grains sont ceux qui te font aimer.
Je suis brûlante d’amour. Flamboyante.
Je t’embrasse
Ton Air
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Bonjour Air Nama, j’ai lu, ai-je été indiscrète ? Je garderai tout pour moi : la beauté, le charme, les contrastes, les difficultés et les joies du désert.
bonjour Hélène, pas du tout cette correspondance est pour chacun d’entre nous, je te remercie pour ta lecture et ton commentaire, je t’embrasse
bonsoir Air Nama – en tâtonnant je tombe sur ton texte -j’avoue avoir fait un tr beau voyage à travers tes mots dans ce monde sans artifices –