Nuit.Texte de Martine Chifflot-Comazzi

Nuit.
Ton nom résonne comme un chuchotement mêlé d’inquiétude et de mystère.
Déjà s’ouvrent des portes d’ébène et de jais…
Et la marée des bêtes immondes peut submerger nos avenues.
Des crimes odieux se préméditent et, à l’approche du couteau, les rêveurs alarmés sursautent ; leur sueur brille un moment dans les chambres égarées.
D’ineffables remuements te froissent et nous révulsent. Un pas résonne : nous tressaillons.
Magicienne nuit, tu fardes tes suppôts ; tu déchaînes les ombres aux formes innombrables, fantasmes rutilants d’horreur et de passion.
Pourtant sur la ville radoucie, tu déploies aussi cette cohorte des étoiles et tu protèges chaque demeure, en la nimbant de ton silence bienvenu.
Des anges, inversant les chiffres de nos cauchemars, traversent tes hauteurs et l’horizon bleuit légèrement sous les souffles apaisants, qui défroissent le ciel et tracent des chemins.
Retournées soudain, les ténèbres éclaircies exhibent les figures tutélaires, les gardiens des porches d’accueil
et de ravissantes antiennes bercent une hypnose continue.
Nous avançons dans les prairies célestes, au son des cithares et des luths divins.
Nous cheminons parmi les lilas en fleurs et les lys clairs déploient leurs transparentes haies.

La ville est loin. D’en haut, nous devinons les ruelles alanguies, les affres et les secrets mais bientôt tout s’apaise et de roses lueurs dissipent les sursauts de peur ou d’agonie.

La ville somnolait.
Les rêves emmêlés laissent enfin place au répit délicieux que l’aube éblouira, décousant les derniers oripeaux assombris.[divider]

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