La poésie, dans l’ombre, je la suivais. Du Westin Book Cadillac, je vis Ellington et Tommy rejoindre Slumpy. Le trio s’engouffra dans une limousine royale Packard 1915. Que faisaient deux jeunes préadolescents dans cette limousine avec un riche banquier ?
Le moteur de la Packard tournait au son du jazz. Le luxueux carrosse aux couleurs du clavier d’un piano mit fin à sa course devant le Théâtre des artistes unis. Jelly Roll Morton, vêtu d’un smoking rétro, les attendait. Tommy et Duke descendirent de la voiture. Jelly leur fila une taloche. « Hey William ! Tes gosses sont en retard. La musique aussi c’est de l’argent. J’ajoute une heure au cours. » Livingstone lui lança un regard moqueur en ajoutant, « Contente-toi de leur apprendre ton art. Je te paie largement ton talent. Black, n’abuse pas de mes bontés. Je passe les prendre à six heures. C’est quoi cette pipe et ce tabac étouffant que tu fumes ? Ça me fout le cafard cette odeur. On dirait que tu brules mes billets de banque. »
Et le mécène quitta les lieux pour jeter un dernier coup d’œil sur le Detroit Evening Journal avant qu’il passe sous les presses de l’imprimerie. Après, il rejoignit Madame Livingstone à leur somptueuse demeure dessinée par le célèbre architecte Albert Kahn aux lignes rappelant l’époque de la renaissance française qui aujourd’hui n’est que décadence.
Le cliquetis des fines porcelaines anglaises résonnait dans l’air du salon quand Maï’ette, servante française venue de la Martinique, vint avertir le maître de maison que le chef des policiers du Highland Park réclamait un entretien urgent avec Monsieur William.
Je ne savais plus où me tourner. Je voyais, j’entendais tout, mais je n’étais rien d’autre que mon fantôme qui chassait des indices sur les pas de l’histoire. Qu’on m’apporte mon héroïne avant que l’heure et les leurres s’enfuient avec Paul sur son vélo. Moi, sous le blues de mon piano je laissais courir le son ivre du récit.
Je me réfugiai dans le cercle imbherbe devant l’imposant manoir. Je m’y cachai si facilement, à la manière des fantômes, une plume à la main, je traçais des lignes de poudre aux yeux.
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Merci à David pour son support technique. La plume est là. Qui la saisira ? Vivement la suite.
Un autre fantôme s’ajoute au tien, alors, c’est le mien qui cherche ses marques aussi, tandis que mon moi matériel embarque dans l’avion à Roissy. Qui est donc ce mécène, qui sont ces jeunes gamins à qui on veut enseigner l’art de la musique ? Est-ce une scène actuelle, ou une bouffée de splendeur passée ? Les murs de la belle demeure construite par Albert Kahn émettent des échos, visuels et auditifs ? Y aura-t-il un lien avec les nouveaux arrivants, Docteur Paul, Mister Child et Marinette, qui eux, ont rejoint la demeure tenue par l’énigmatique Mrs Bates ? Pourquoi les policiers viennent-ils chercher Monsieur William, est-il un Al Capone que le fisc aura rattrapé ? Pourquoi d’un autre côté, la NSA s’est-elle chargée de remettre Mister Child sur le chemin de sa nouvelle maison-pension et quel rôle va jouer cette organisation dans la mise en place de la société d’écrivains ? Les fils sont dispersés, faut-il les tresser, trouver une unité ? Que de questions m’accompagnent au long de mon voyage. Une chose est sûre : le décor se matérialise à la vitesse grand v ! Merci, Marie Louve, pour ce beau chapitre !
No more Marinette, I forgot ! Place à Marnie !
Merci Hélène. Une aventure sans filet. Un jeu d’improvisation littéraire ? J’aime jouer à chercher des ficelles pour créer des trames.
ça PULSE ! J’aime particulièrement la poésie qui s’insinue dans ce fou récit. La chute superbe ! <3
Des battements comme des portes tournantes sur une ligne du temps en étages enchevêtrés les unes aux autres. Aganticus nous a laissé des plumes. à nous de les ramasser. <3
Laissons-nous porter par les divers courants narratifs, l’unité viendra toujours assez tôt… en tout cas, l’inspiration est là et c’est bien sympathique – mukya ^_^
Bien vu Slévich, il ne faut pas perdre la note en écho de la chorale et son plaisir de jouer la pièce.
Bravo pour le « cercle imbherbe » et toutes ces expressions qui naviguent entre le 2ème et le 3ème degré : On avance, on avance mais qui peut prévoir le final ?
Merci pour le nom du journal (Detroit Evening Journal) car j’en cherchais un.
Au suivant.
Aganticus, le cercle imbherbe, tu me l’as offert sur un plateau d’argent avec des plumes bien plantées. merci pour cette lecture. Difficile de te cacher les passages à plusieurs degrés. Bon mercredi.