Roman chorale 43 Akatagi

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L’homme s’immobilisa devant cette maison si typique : elle ressemblait à un vieux manoir abandonné mais la vie filtrait à travers les soupirs des murs.

Les indications qu’on lui avait données stipulaient qu’un jardinet égayait l’entrée et qu’un puits laissait grincer un seau rouillé depuis longtemps.

–        Ho hé ! Y a quelqu’un ?

L’homme répéta sa phrase trois fois avant de s’avancer pour toquer à la porte d’entrée

–        Oui ?

Une femme coiffée d’une serviette et juste vêtue d’un peignoir ouvrit la porte dans un grincement de dedans.

–        C’est à quel sujet ?

–        Heu… vous êtes Mrs Bates ?

–        Ah non, moi c’est Coupatrèfle, quéqui veut le p’tit monsieur ?

–        J’ai une missive à remettre en mains propres à Mrs Bates

–        Mains propres, mains propres… vous en avez de bonnes : ça dépend de quand que vous allez la chopper la mère Bates… quand elle est dans le boudin, ce serait plutôt Goupi

–        Goupi ?

–        Ben ouais, les mains rouges! Comme Goupi

–        Heu… elle est souvent dans le boudin ?

–        Vous êtes du genre gland, vous : le boudin c’est comme qui dirait le sang : la barbaque, quoi ! Sans déconner, vous pigez que dalle, vous ne seriez pas un touriste qui quête ? Cochon !

–        Je… quoi ?…mais non, je suis de passage à Détroit et un ami français m’a demandé de remettre ce pli…

–        Pas de chance pour votre pli : on vient juste de repasser

–        Mais, mais…

–        Quéqu’il a le museau de tanche avec ses « mais », ici y’a pas de mais qui tienne et pis vous commencez à me gonfler grave avec votre air de pas y toucher. Vous y touchez ou pas ?

–        Mais…

–        Ahhhhh je vais m’le farcir le p’tit asticot qui qu’arrête pas de faire des « mais » comme si qu’on serait au mois de juin. Bon écoutez, mon pov’ monsieur, la mère Bates, elles est chez le sheriff du comté because qu’on a trouvé un cadavre dans l’étang d’à côté.

–        Mais… vous pouviez pas me le dire plus tôt ?

–        Mémé, vous pouviez pas me le demander ?

–        OK, je vais de ce pas chez le sheriff.

–        C’est ça ! et dites lui qu’il astique bien son étoile car ce soir c’est la pleine lune !

L’homme tourna les talons mais la Coupatrèfle l’interpela :

–        A part glandu, c’est quoi votre nom ?

–        Je m’appelle Akatagi qui est la traduction de « jambe-de-grillon »

–        La traduction de quoi ça ?

–        Ben, « jambe-de-grillon » : c’est de la langue indienne Iroquoise

–        Oh, putain ! Encore un indien ! Qu’est-ce qu’on a fait à votre Manitoo pour mériter ça ?

–        Ça quoi ?

–        Rien, on vous expliquera si vous revenez, allez barrez-vous, j’ai du taf, moi !

Akatagi « jambe-de-grillon » s’éloigna un peu de la vieille bâtisse puis, levant les mains au dessus de sa tête, ses paumes tournées vers le ciel, il s’adressa aux nuages rouges qui riaient :

–        Hooo, Pawata, mon père, dans quel monde de fous m’as-tu envoyé ?

Alors une voix caverneuse descendit du tout haut et articula d’une intonation très grave :

–        Pense à ta mission, mon fils…

Il se mit en marche mais la voix gouailleuse de Coupatrèfle le rattrapa.

–        C’est ça ! pensez-y donc, andouille !

Elle le poursuivi de ses sarcasmes jusqu’à ce qu’il en soit hors de portée.

Mais, au fait, cette femme avait entendu la voix de son père ?

–        Comment se fait-ce ? se dit-il en se grattant entre reins et mollets.

Bizarre, bizarre.

Et ce n’était que le début des surprises pour Akatagi « jambe-de-grillon ».

Le tout début…

Le fils Bates avait bien mystifié tout le monde et il s’agissait maintenant de ramener les écrivains à la raison initiale du concours : Habiter la vieille maison de Détroit.

ET, pour ce faire, d’en percer le mystère.

Akatagi se mit à siffloter : le printemps chantait dans les rues de Detroit Michigan

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7 thoughts on “Roman chorale 43 Akatagi

  1. Tabarouette ! Quelle affaire ! Je vois une revenante qui revient de loin, aussi bête que Mme Bates, mais comme je suis contente de la revoir. C’est une chance que Yanis ait retrouvé ses origines dedans son coeur d’Indien. Jambe de grillon aurait t-il un lien de parenté avec Edelweiss tenace qui elle, boite avec un pied ?

  2. Ah ben, voici qu’on voit d’autres personnages s’ajouter, sur lesquels il faudra compter : le fils de son père, qui donc, lui, n’a pas complètement disparu et une Coupatrèfle à poigne et qui intercepte l’invisible … Delphine est complètement larguée mais va tâcher de ne pas le montrer 😉 !

  3. Si Jambe-de-grillon se dévoile au grand jour, il y aura de la casse. Il faut savoir que dans ce roman chorale les personnages se cachent les uns sous les autres. Je persiste et signe à l’effet que Yanis est de la descendance d’Oeil de Tendresse et que Pawata est son père adoptif. Il faut vite rechercher Child qui est porté disparu. Marnie nous en reparlera d’ici peu. Du côté de Béatrice, elle expie ses péchés. D’ici à la découverte de la missive rose envoyée à Yanis, je vous salue, Akatagi. Hugh !

  4. Mrs Bates chez le shériff, voilà qui laisse augurer du « meilleur » pour ce début de printemps.
    Les bonnes ondes d’Akatagi vont-elles finalement rapprocher les esprits et réchauffer les coeurs ?…

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