« … Quand quelqu’un perd la carte, le poème de Rimbaud « Le bateau ivre » devient saisissant. Elle sombrait. il n’y avait plus que ses voix intérieures qui comptaient. Ses voix déchaînées contre moi… » (p.159)
Ceux qui restent sont ceux que Sylvain a laissés quand il s’est donné la mort. Ce fut une décision soudaine, totalement incompréhensible pour ses proches. Chacun réagit comme il peut, avec ses maigres armes devant la brutalité du geste. Certains se le reprochent ou fuient la culpabilité. D’autres lui parlent encore. Tous sont marqués à jamais. Son père, auquel le silence des arbres a offert un refuge. Sa femme et son fils élevé dans le mensonge d’un amour étouffant. Sa maîtresse, qui a trop de feu en elle, trop de chair, trop de tout, pour laisser la mort avoir le dernier mot. Et assez de lumière pour entraîner ceux qui le veulent vers la seule issue du deuil : la vie.
Marie Laberge, Ceux qui restent, 2016
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