L’honnête bûcheron
La rivière coule tranquille, et à cet en endroit là, elle est profonde de trois mètres, au moins, et c’est bien le problème de ce brave bûcheron qui regarde le fond avec désespoir….
Passe un vieux bonhomme qui demande au bûcheron ce que lui vaut cette mine désolée ;
– je viens de tomber ma cognée dans la rivière et je ne sais pas nager, rétorque l’intéressé, si je n’ai pas ma hache, je ne peux pas abattre d’arbre ni les vendre… et si je ne vends pas d’arbre, je n’aurais pas d’argent pour acheter de quoi manger à ma femme et à mes trois enfants
A ces mots, le vieillard qui n’était rien d’autre qu’un lutin cévenol, plonge dans la rivière et remonte une superbe cognée toute neuve, d’une grande marque, en acier trempé …
– Est-ce celle-ci ?
– Heu… non, la mienne n’était qu’en mauvais acier et toute rouillée, répond le bûcheron confus
– Je vois que tu es un honnête homme, lui dit alors le lutin, prend là quand même, et fais en bon usage… »
Quelques temps plus tard, le lutin vient à repasser au même endroit et revoit le bûcheron penché sur l’eau, l’air désemparé:
– Et cette fois-ci, que t’arrive-il ?
– En abattant un arbre, le nid d’une mésange est tombé dans la rivière avec tous ses œufs et je ne sais toujours pas nager, rétorque le pauvre bûcheron
Le lutin plonge alors et remonte six œufs en or :
– Ce sont ces œufs ?
– Heu, ben non, ceux-ci sont en or alors que les autres étaient des œufs normaux…
– Peut importe, brave homme, garde les en signe de reconnaissance pour ton honnêteté, lui dit le lutin d’un air jovial, et fais en bon usage…
Deux mois plus tard, le lutin qui se promenait dans le coin, entend des appels… il va vers l’endroit des cris et voit le bûcheron penché sur l’eau avec une figure complètement catastrophée :
– Hé bien, que t’arrive-t-il encore ?
– C’est ma femme qui est tombée dans la rivière et elle ne sait pas nager …et moi non plus, je n’ai toujours pas appris…
Le lutin plonge et remonte une superbe créature blonde, toute nue et appétissante à souhait :
– Est-ce bien ta femme ?
– Heu… oui, oui, réponds le bûcheron un tantinet gêné…
– Dis donc, se met à vociférer le lutin, tu as fini de me prendre pour un jambon ? je sais bien que tu mens : ta femme a cinquante ans passés et elle est énorme et toute flétrie…
– Ben justement, rétorque le pauvre bûcheron, si je t’avais dit que cette magnifique créature n’était pas ma femme, tu me l’aurais quand même donnée… imagine-toi le scandale que cela aurait fait à la maison : ma femme n’aurait jamais cru mon histoire car elle n’a pas cru le coup de la hache neuve et des œufs d’or et elle serait partie en amenant mes enfants… alors autant la changer tout de suite : le résultat sera le même, ça m’évitera une scène pénible et, au moins, je garderai mes enfants…
Comme quoi, chez les Cévenols, l’amour des enfants fait faire bien des sacrifices…
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Voilà un bûcheron qui a du répondant et de l’amour en héritage pour sa progéniture. L’aime bien ce bûcheron.