Le présent ne suffira pas…
Le sheriff Hank a beau tourner et retourner l’énigme dans sa pauvre tête, il ne comprend pas la démarche de ce bonhomme, Akatagi « Jambe-de-grillon ».
Lui qui a déjà lu des romans alambiqués, il se demande que vient faire cette sorte d’illuminé au milieu de son histoire déjà très compliquée à dénouer.
Qui envoie ce drôle de bonhomme et pourquoi lui le représentant principal de l’ordre n’est-il pas en mesure d’analyser la situation ?
Le mieux, se dit-il, sera de suivre l’étranger partout où il ira : il va bien finir par comprendre.
Patience et longueur de temps…
Hier, il a pu interroger Norman Bates au sujet du cadavre retrouvé dans l’étang à côte de chez lui.
Bien sûr, avec son air bizarroïde, Bates n’a apporté aucun élément à l’enquête : il ne sait rien, n’a rien vu, rien entendu. On se demande même s’il est de ce monde tant ses yeux sont ailleurs.
Hank lui a demandé de transmettre une convocation à sa mère afin d’éclaircir quelques points obscurs quant à son emploi du temps.
Tout à coup, la sonnerie grinçante du téléphone le tire de ses pensées.
– Sheriff Hank, j’écoute.
– …
– À la réserve des Pawnees ? Ok j’arrive !
Arrivé sur les lieux, Hank comprend tout de suite le sens du message : un conseil de jugement s’est réuni malgré l’interdiction formelle des affaires indiennes.
Assis en demi-cercle autour du poteau de la vérité, les guerriers sont en parure de cérémonie. Le chef Bison-buté préside avec majesté.
– Qu’as-tu à nous dire sur ta squaw, Deux-paires-de-cornes ?
– Ma squaw, Pomponette-d’un-soir, est un vraie Piute…
– Pourquoi tes paroles ont l’amertume du foie du chacal ?
– Ben… je suis à peu près sûr qu’à part le cheval de fer, tous les braves y sont passés dessus…
A ces mots, un guerrier de l’assemblée se lève et jette trois fois par terre sa coiffe de cérémonie
– Pourquoi tant de colère, Tchouk-tchouk ?
Rarement on avait pu voir un indien sortir de sa réserve de cette manière…
– Ben, c’est moi qui conduis le cheval de fer ! Je peux pas tout faire !
Alors on a senti comme un éclair de sympathie dans le regard triste de Deux-paires-de-cornes mais les squaws dans la foule commencent à hurler.
– Qu’on la pende !
– Qu’on la pèle !
– D’abord, qu’on l’appelle, après on verra …
D’un geste d’apaisement, le grand chef Bison-buté calme l’assemblée.
– Nous allons écouter les paroles de Pomponnette-d’un-soir, qu’as-tu à dire pour ta défense ?
L’accusée ne se lève pas et pointe un doigt vengeur vers son homme :
– Deux-paires-de-cornes est un Pawnee c’est vrai, mais c’est surtout un vrai Pawnee percé : il dépense tout l’argent du tipi en herbe-qui-fait-planer et moi j’ai pas un kopek pour faire les courses… Alors les braves m’aident et je les remercie à ma façon. Et toc !
– Certes, certes…
Le chef se gratte et se regratte le menton,
– Mais tu n’ignores pas la prescription de Manitoo : » même s’il le mérite, tu ne tromperas point ton guerrier sous peine de te faire lyncher à coups d’œufs pourris depuis au moins trois lunes »
– Au poteau ! Au poteau ! Hurlent les squaws qui ont besoin de vengeance.
Ainsi fut fait : avec de fines tresses on attache Pomponnette-d’un-soir et les œufs commencent à lui tomber dessus comme la pauvreté sur le monde.
C’est alors que l’ami Akatagi fait son entrée ; non pas en coupant le cercle des sages, ce qui serait un affront aux coutumes, mais en passant sur un amas d’os de bisons qui bouche le passage.
Un murmure court de bouches de dégoût à oreilles à tirer.
– Par Manitoo, il a marché sur les os…
Akatagi vient alors se placer entre la squaw au poteau et les lanceuses d’œufs, il regarde cette meute assoiffée de justice et leur crie :
– Si l’une de vous n’a jamais fait d’omelette coquine dans sa vie, qu’elle me balance un œuf dans la tronche, Manitoo jugera…
On assiste alors à quelque chose d’incroyable : une à une, toutes les femmes reposent leurs projectiles et se mettent à genou pour implorer le pardon de l’attachée de tresses.
Complètement interdit, la sheriff Hank finit de se gratter le côté ouest de son pauvre crane déjà rougi, puis il remonte dans son pick-up en hochant la tête.
Décidement, cette aventure le dépassait un peu, il se dit qu’il devrait appeler Yanis pour comprendre.
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Pomponnette-d’un-soir fait signe de fumée pof pof à shérif Hank pour dire à lui que femme pécheresse peut ne pas avoir pêché. Troc avec poissons impossible comme font hommes blancs avec Indiens. Jambe-de-grillon sera suivi par le suivant.
Ici, il faut un permis administratif pour pêcher…
Même le shérif Hank est déboussolé, alors que dire de la pauvre Delphine, qui est convaincue qu’un jour, le chauffeur Mitch a transporté un cadavre dans son coffre (encore un ?) mais elle n’en est pas sûre et n’ose rien écrire là-dessus pour l’instant, tout en gardant malgré tout sa confiance à Mitch … Bah, si Hank a fait fausse route en suivant la piste d’Akatagi et Pomponette, cela lui a fait prendre l’air et il ne faut pas exclure que même cet épisode de chasse à la sorcière a peut-être un rapport avec l’ensemble. Akatagi, oui, c’est sûr donc, est lié à l’intrigue et la maison de Mrs Bates est loin d’avoir livré tous ses secrets. Et en attendant, Hank doit faire fissa pour arriver à temps dans la crypte où un traquenard est tendu à Mr Child …
Peut-être qu’Akatagi n’est pas tout à fait celui qu’on croit…
L’infidèle Pomponnette-d’un-Soir pourra se la couler douce en levant sa madeleine sans pleurs, gorgée de bonté proustienne importée de la colonie française, celle des Gaulois, Pour Pomponnette, le coq d’or et Bison demeure bouche bée devant la sagesse d’Aka 47, non, Akatagi. Ses oeufs de poule, valent le silence: cette mine d’or. Ce soir-là, le tee pee de Pomponnette ronronnait de tous les plaisirs sains aux corps sages bien défendus. Deux-paires-de-cornes cuvait son vin de pissenlit. Rooooooo….Quant à Mr Child, il peut dormir tranquille entre ses blanches lignes, son esprit murmure sur des pages à venir.
Ignorant si tu connais la vie de Pomponnette, je dois te signaler qu’elle est tirée d’un film de Marcel Pagnol et que c’est une chatte qui se fait traiter de salope à la place de sa maitresse qui elle, en est une vraie…
Ce soir je me sens Hank, et le côté est de mon crâne commence sérieusement à se dégarnir !… :-))
D’autant que je sors d’un rêve fait de bison déchaîné et de chutes sans fin.
Le rêve est le lot quotidien des plumes de la vieille maison de Détroit. Il va emmener la clique vers des cieux insoupçonnables l…
quid de la poule aux os rescapés? Paraît qu’on n’fait pas d’omelette sans casser les os sur lesquels on vient de marcher… bon, c’est pas l’tout mais j’ai un max de lecture à rattraper et Aganticus fait tout ce qu’il faut pour brouiller les pistes… faux frère? nan! je ris…d’bison, butée que je suis… à la suite…