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Depuis plusieurs lunes, j’étais tapi au fond de ma hutte virtuelle à faire la marmotte. Ma retraite spirituelle égrenée sur un chapelet de nuits blanches portait fruit. Mon esprit reprenait vie. Mes sens renaissaient. Par enchantement, j’entendais les vibrations sonores des cordes du violon de ma muse éternelle comme lettres d’amour susurrées à mon oreille. La vie des uns et des autres se croise sur des trames d’espaces temporels. Le louche n’a rien à voir avec la vérité dans ces amours-là. Tout se joue au même moment sur tous les étages du temps. Ainsi parlait le Grand Manitou.
J’étais là dans mon silence bienheureux au creux de mon cercle quand soudain le chat, celui-là même de la Marinette, posa ses pattes antérieures sur ma calotte de terre comme s’il s’apprêtait à souiller ma chapelle. Tel un génie bondissant hors de sa bouteille, je sortis de mes entrailles et lui fit une peur bleue. Il arrondit le dos en forme d’arc prêt à décocher ses griffes fléchées en me crachant entre ses crocs : « Les nerfs, le chaman sauvage ! You’re not alone in this world. Cat People ce n’est pas juste un film, tu sauras. Sors de là. On a du boulot et pas le temps de se faire la guerre surtout sans équipement matériel. Rejoins-moi au grenier de la Livingstone House. »
Non mais ! Quel chat culotté sans cape ni bottes ce charlatan. Je suis là, à faire le guet depuis des siècles et ce chameau fraîchement débarqué de la vieille France, se permet de me donner des ordres. Sûrement du genre charançon. Il apprendra à ses dépens ! Qu’à cela ne tienne. Je me ruai à la vitesse de l’éclair et par l’œil de bœuf, je me glissai tel un courant d’air s’élevant au grenier, pour le devancer. Ce fut peine perdue. A real chariots of fire this cat!
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Devant moi, juché sur le dos d’une vieille bergère au coussin éventré, un nobody Bobcat au regard de l’Eagle américain ronronnant, me lança à la figure un sourire malicieux, voire sulfureux d’amusement diabolique. Ce petit malin à poil, croyait m’impressionner par ses mimes d’apprenti sorcier à deux sous. Il méritait la douce leçon que je lui servis sans attendre. Je lui lançai sur les planches du grenier craquant son bois sec, une poignée d’herbes folles. La bave aux babines, le matou se précipita sur ce délice pour chat. Derrière moi, Pawata riait. Tous deux, piégés dans le temps cristallisé, il nous fallait bien quelques menus plaisirs pour donner un sens heureux à notre mauvais sort venu par le bâton de feu des Anglais. Ces pilleurs sans vergogne volaient nos peaux de fourrures et nos lacs débordant de poissons des dieux. Trois siècles de sagesse apprise sous les pas de mes mocassins silencieux me consacraient maître de ces lieux. J’avais perdu des plumes, mais pas ma science de grand sorcier acquise auprès du Manitou.
Quand le chat fut calmé après sa crise hystérique de délires rassasiés, je lui dis tout the go : « Quelle est ta quête Chapitre ? »
– Holà ! Descendez de vos grands chevaux visage pâle ! Si je suis venu jusqu’à votre hutte virtuelle, c’est que j’avais de bonnes raisons de craindre le pire pour ma maîtresse Marinette. Un de vos poulets étoilés l’a traînée de force dans la prison du canton et ce, menottes aux poignets. Marinette est un peu barjot, mais juste un peu. Jamais elle ne ferait de mal à une mouche. Le gros shérif l’accusait du meurtre de son ami Popaul. C’est une innocente ! Je le jure sur mes quatre pattes et la queue en l’air !
– Ce poulet étoilé n’est pas des nôtres. Ménagez vos transports. Je n’ai rien à voir avec ces barbares. Je connais Marinette bien au-delà de cent ans. Laissez-moi vous raconter. Quand la famille Livingstone occupait cette maison, sa mère, une belle mulâtresse, en fuite de la Géorgie s’était réfugiée ici. Le maître de la maison, William Livingstone eut un choc amoureux en l’apercevant. C’est ainsi que Maïnette demeura jusqu’à sa mort dans ce palace d’époque romantique. C’était écrit dans le ciel. Maïnette enceinte, Monsieur William père, voulut cacher son péché de la chair. Il donna la petite en adoption en promettant de payer tous les frais de son éducation bourgeoise. C’est le célèbre architecte Albert Kahn, son meilleur ami, qui la pris sous son aile et la fit éduquer au sud de la France. Voilà presque les malheurs de Sophie en peinture qui devint mère à son tour et donna naissance à ta maîtresse, Marinette. Celle-ci, marche sur la route de ses racines sans le savoir. L’Esprit conduit l’âme à son berceau.
– Aye le chaman, tu me prends pour un chat-poire ? Je ne veux pas entendre tes contes à dormir debout. Je te parle de ma maîtresse qui court dans le corridor de la mort si on ne la sort pas de là !
– Ne te laisse pas emporter par tes vaines et mortelles passions chatouilleuses. Laisse le temps venir à point. Observe Mrs. Child, il ne fait pas que dormir dans l’antichambre. Mrs. Bates n’est pas l’oie blanche que l’on voit. Elle a des squelettes dans son placard. A toi, fin finaud de les trouver. Va donc fouiller le jardin et la ruelle. Quelle idée aussi d’accueillir tous ces pseudos artistes dans ce taudis qui renferme les secrets de la mort tourmentée. J’en ai assez dit pour le moment. Occupe-toi de la nouvelle venue et ne néglige surtout pas son Peace and Love Hippie, le Yanis. Le hasard n’existe pas. Il n’y a que des rendez-vous.
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Des rendez vous qui nous mèneront où ?
Si Antoine de Lamothe-Cadillac avait pu se douter qu’il fonderait une ville de pas perdus…
En mocassins, ce sont des pas doux. Pour le savoir, il faut donner sa langue au chat. Au suivant !
Très beau chapitre très inspiré, bravo Marie Louve! Une question au sujet du tableau: tu peux nous en dire un peu plus, ça m’intrigue 😉
j’ai lu les chapitres précédents, sans les commenter mais en les appréciant, à des degrés divers, mais j’avais hâte d’aller à la suite… pardon aux auteurs, donc…
à+
@ Sophie : le tableau , j’aurais dû comme il se doit, ajouter la source de ce choix. Dans mon empressement au jeu, un oubli inacceptable. Voici le lien :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=463568993698094&set=a.402964643091863.104036.157466500975013&type=1&theater
Sur Facebook, nous pouvons voir le site » Les albums de Céline E. » Une banque de tableaux, que dis-je, une lampe d’Aladin qui permet de trouver de tous les genres artistiques en art visuel.
le choix de celui-ci, en références à tous les liens possibles avec le récit. J’en vois de multiples. Le chaman, le prêtre psychotique, Marnie derrière les barreaux sur différentes lignes du temps. La morale. Norman le schizophrène qui taille la chair etc, à l’infini selon l’observateur.
https://www.facebook.com/pages/Les-albums-de-C%C3%A9line-E/157466500975013?ref=ts&fref=ts
En voici une autre qui servira de support à un texte ultérieur.
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=373024169419244&set=a.358131020908559.93551.157466500975013&type=1&theater
à +
Hé hé, je suis complètement larguée, mais j’aime beaucoup ! Un grand bravo, Marie Louve, tu noues des fils pour la suite dans un grand vent de folie et que c’est bien écrit !
Merci Lenaïg, pour tramer dans ces corridors en courant d’air,faut pas en manquer. Ça donne des frissons.
Voilà un chapitre intransigeant… superbe !
Difficile d’oser vous suivre, les amis…