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25 mars 2014

RC 49 – They have always been here

femme crucifieePhoto : Franstisek Drtikol, Femme crucifiée, épreuve sur papier aux sels d’argent, 1913

Parallèlement aux événements de Berlin, des bûchers sont allumés depuis quelques jours dans certaines universités allemandes. En ce 17 mai 1933, un autodafé à celle de Heidelberg est signalé. De grands professeurs arborant la robe universitaire se joignent aux associations d’étudiants, à la police et aux pompiers pour y assister. Le brasier enfume le printemps auquel il donne des allures d’un hiver de chaos.

Tout près de la marktplatz où trône l’église du Saint-Esprit.

Au terme de plusieurs heures à endurer l’agonie, sa mère donne vie à la petite Marina sans même avoir pu voir son visage, ni encore moins vérifier qui du père ou de la mère a transmis à la progéniture les traits les plus prononcés : elle succombe à son accouchement effectué dans la plus implacable solitude. Ce n’est qu’un peu plus tard dans la soirée que le poupon est découvert, abandonné au milieu d’un grand lit et relié encore au corps inanimé de la mère, épuisé par des pleurs de nouveau-né que nul protecteur ne peut venir satisfaire. Ce long et terrible cri de vie sans réponse aurait pu aisément plonger la petite dans un désespoir sans fin qui se gonflerait au fil des ans comme une bulle qu’aucune ombre ne réussirait à percer. Mais à l’occasion d’un exil forcé aux US, et sous la protection de M. et Mme Heiß, couple d’artistes allemands réputés et menacés par l’oppression nazie pour cause d’oeuvre  »subversive », Marina découvre les joies subtiles du violon, lequel lui offrira une issue, demeurera sa passion et deviendra son métier.

Elle ne savait que très peu de choses sur sa mère naturelle. Ses parents adoptifs, qui lui ont offert ce doux prénom de Marina et leur nom porté par la notoriété, Heiß, la lumière, n’en savaient pas davantage, sinon que celle qui lui a donné naissance avait des origines amérindiennes lointaines – en tout cas selon les dires de ses voisins d’alors, une population brisée par les propagandes du moment et méfiante vis-à-vis de cette femme seule prise pour une sorcière. De sa présence en Allemagne dans les années 30, de ses activités, de l’homme qui lui fit cette enfant, et jusqu’à son identité, tout reste mystérieux, pour ne pas dire inexistant. Marina revient en Allemagne après la guerre, où elle connaît un parcours musical ecléctique fait de reconnaissances et de déserts chaotiques, avant de rencontrer ce mécène américain qui l’épousera et l’emmenera avec lui à Détroit, où il posséde une maison à la réputation sulfureuse. Sa vie sera faite d’allers et retours entre l’Allemagne et l’Amérique.

Son existence en cette demeure se ternit au fil des années, et où chaque jour un peu plus la maintient dans un carcan conjugual et un refoulement progressif de ses propres désirs. Sa vie ne se résume plus qu’à servir la réussite masculine d’un homme avec lequel elle ne partage rien de plus qu’un lit commun ; elle se voit promise à un futur sans avenir. Ce n’est que lorsque Monsieur apprend sa terrible maladie, qu’elle-même ignorait jusqu’alors parce qu’aucun symptôme ne s’était encore manifesté, qu’il consent à lâcher prise dans ses ambitions prédatrices de mâle dominant pour accorder un début d’attention à sa femme. Mais il est trop tard, du moins peut-on le croire : Marina est une fleur rare se fânant au soleil et devenant une plante d’ombrages que jamais la lumière quelle qu’elle soit ne doit venir effleurer. Une Heiß sans lumière, c’est comme une peau de raisin sans son raisin, comme un LA sans son SI, comme un violon sans ses cordes.

Pourtant, c’est dans un authentique sentiment d’amour que le mécène entreprend de fabriquer le cocon idéal qui permettra à son épouse à la peau de raisin de s’épanouir avec un minimum de souffrances et une ouverture à de nouveaux rêves possibles. Une antichambre lui est construite, à l’écart des pièces de vie, tout au bout du couloir. C’est dans ce lieu exigu que Marina Heiß, gagnée par une calvitie en forme de rond imbherbe, terminera ses jours, au son de ses propres symphonies, à l’ombre des tumultes du monde, et pourtant plus que jamais en leur cœur…

La réputation de la maison est aggravée par les étranges phénomènes qui succèdent à la mort de Marina ; son mari, lui, s’est déjà fait la belle, délaissant du même coup la voisine d’en face qui était son amante, Mrs Bates. Seul l’entourage géographique proche devient le témoin de ces manifestations dont on ne sait s’il faut les qualifier de merveilleuses ou d’horrifiques. Tout un quartier de la ville se croit longtemps en proie à des hallucinations auditives et visuelles sans jamais oser les réveler ni en savoir quoi que ce soit de la substance. Mais il est certain aux yeux de tous que la présence de la violoniste hante les environs, jusqu’au secret des lieux les plus intimes.

Aussi, lorsque dans le cœur-même de l’église Sainte-Anne, Mrs Bates et son fils se retrouvent à deux pas de deux des actuels occupants de la maison prétendument maudite, une lueur diffuse les intrigue avant de s’intensifier au point de les éblouir. Émanant de l’autel, la lumière s’insinue à travers le rideau du confessionnal, où les deux planqués blémissent à l’idée d’être vus. Un son confus de violon plane dans l’air, et ce n’est que lorsque la lumière s’affaiblit peu à peu que la mère Bates, ensuquée, aperçoit une silhouette familière, celle d’une femme qui le long de la croix a pris la place de Jésus. Elle y reconnaît Marina, tandis que Paul, qui tente un coup d’oeil vers le tableau de l’instant, suffoque d’effroi en croyant, pour d’autres raisons, y reconnaître Marnie… 

Marina HeiB

Lu 229 fois

Bakachild

 » Mais si j’enfonce un mot violent comme un clou je veux qu’il suppure dans la phrase comme une ecchymose à cent trous. » A. A.

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Comments (14)

  1. aganticus dit :
    25 mars 2014 à 9 h 33 min

    De cet épisode étrange d’éclaircissement Il faut retenir, entr’autre, cette calvitie en forme de rond imbherbe ce qui me fait penser que jamais, au grand jamais, une expression proverbiale n’aura été aussi justifiée : « Tous les chemins mènent à Rome ».
    La suite nous dira pourquoi…
    Juste une incompréhension textuelle à éclaircir : Soit « Monsieur » est homosexuel, soit la mère Bates ne fais pas partie de la prime histoire de Robert Bloch…
    Ho, on n’est pas à ce détail près car l’enfin justifie les moyens…

    Répondre
    1. bakachild dit :
      26 mars 2014 à 17 h 09 min

      Une confusion des temps ? Eclaircis-moi…
      J’aime ta philosophie !

      Répondre
  2. Marie Louve dit :
    25 mars 2014 à 15 h 10 min

    Je demeure la plume arrachée de ma page à finir !!! J’étais à écrire ma sortie du cercle imbherbe comme ce qui suit :

    Au rythme accéléré d’un métronome battant la folie, mon ombre s’effaçait derrière des murs percés par des vers de la mort. Au trou, ma vie s’échappait par des soupirs murmurés sur l’éternité qui dansait sous une étoile défunte.

    Par delà le réel, je fermai mon regard une dernière fois. Mon talisman de poussières devenu, le vent l’emporta sans remords. Par devant, une vie nouvelle.

    J’enfumais d’encens tant de musique qu’un concert traversa le mur du son. Soudain, mes yeux s’ouvrirent sur une note déposée à la portée de ma vue :
    ouinnnnnnn, ma piste est brûlée, le chaman a raté sa réincarnation. Tof’ c’est trop tof. Pour la deuxième fois tu me devances dans mes mouvements. Dois-je rire ? Moi, s’attendais pas à ça…

    Répondre
  3. Marie Louve dit :
    25 mars 2014 à 15 h 15 min

    Le murmure du son traverse l,espace et les murs parlent ! Tant pis pour moi et bravo sur ce mouvement à la Child.

    Répondre
    1. bakachild dit :
      26 mars 2014 à 17 h 13 min

      On veut lire la suite ! Enfume-nous de ton encens…..

      Répondre
  4. Di dit :
    25 mars 2014 à 19 h 56 min

    Voilà pourquoi l’antichambre n’a pas de fenêtre. La lumière indisposait Marina, la violoncelliste à la peau de raisin, avec ou sans raison, et dont la mère avait des origines Amérindiennes. De plus, qui aurait cru que Mme Bates eut déjà été honorée par un homme, même dans un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. On dit des « on dit », que Marina la violoniste hante les lieux, mais les gens le disent tout bas, habituellement. Chutt. Paul et Child font un gros chemin de croix. Ils sont rendus à la dernière station, nous en sommes témoins. Une femme au poteau. Les Bates croient que c’est Marnie Paul croit que c’est Marnie. Au moins, on ne lapide pas les femmes à cet endroit. C’est pas comme chez la femme de Pawnée Percé. J’AIME. .

    Répondre
    1. aganticus dit :
      25 mars 2014 à 22 h 59 min

      Et c’est bien dans cette non lapidation que la parabole prend son envol. Il faudra bien s’en rappeler…

      Répondre
    2. bakachild dit :
      26 mars 2014 à 17 h 15 min

      Existe-t-il seulement un terminus à Détroit ? Pas si sûr… :-))

      Répondre
  5. Lenaïg dit :
    25 mars 2014 à 21 h 48 min

    Oh, mais on a grandement progressé ! La demeure des « écrivaillons » est bel et bien hantée et les explications sont à chercher aussi bien en Europe qu’en Amérique … On connaît maintenant le secret de l’antichambre sans fenêtre où a décidé de se réfugier Mr Child, manifestement avec l’approbation de … l’ange Marina, sinon Child n’aurait pas pu s’y installer … Le rond imbherbe sur le sol devant la maison dite maudite rappelle la calvitie de Marina malade, ce ne peut être qu’un hasard, mais j’en doute. Il doit y avoir un lien et je ne vois pas ce qui empêche le chaman (avec ou sans e, je ne sais plus) de se servir de ce … passage pour s’incarner ! M’est avis que Pawata, Jambe de grillon et le chaman sont solidaires de l’ange Marina, lien familial peut-être ? Au fait, Marie Louve, et Di, si Béatrice Criss n’apparaît pas ici, une autre Béatrice doit se présenter demain … à la Cour de récré sur OB ;))) ! Ce p’tit message étant passé, chapeau à Bakachild pour ce superbe épisode, l’évocation des autodafés nazis, la naissance de Marina, le mystère de la pauvre mère amérindienne de celle-ci, le père inconnu … et l’ahurissante scène de la fin. Oui, la femme aussi a parfois souffert sur la croix, et encore aujourd’hui …

    Répondre
    1. bakachild dit :
      26 mars 2014 à 17 h 17 min

      Si vous voulez construire un bout de cour de récré aux alentours, je dis OUI; en plus LAT a déjà le bakasable 😉

      Répondre
      1. Lenaïg dit :
        29 mars 2014 à 14 h 33 min

        Ah, la Cour de récré, c’est sur Overblog, le concept ne nous appartient pas, ni le jeu du prénom … Mais ‘faut voir ce qu’on pourrait faire dans le bac à sable, en effet 😉 !

        Répondre
  6. Lenaïg dit :
    25 mars 2014 à 21 h 51 min

    « They have always been there », mais oui, et les écrivaillons, eux nouvellement arrivés, doivent compter avec eux, tenter la communication, d’où viendra l’inspiration …

    Répondre
  7. Di dit :
    25 mars 2014 à 22 h 51 min

    Plus ça va, plus de personnages ont le sang des peaux rouges en eux. Béa-Criss sera au rendez-vous des Béatrice à la cour de récréation. Ce sera tôt ou tard, ça dépend du voyage.

    Répondre
  8. sophie dit :
    2 avril 2014 à 13 h 01 min

    un roman dans le roman! et cette mise en abyme semble ne jamais connaître de fin… belle imagination de notre CHild en forme de défi mais il me faut poursuivre la lecture avant de le relever, si tant est que j’en sois capable ….

    Répondre

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